Du sommeil au rêve : le grand plongeon
La condition caractéristique du rêve, c’est le sommeil. Arthur Schopenhauer
Le sommeil est une fonction biologique vitale de l’organisme. Nous ne pouvons pas vivre sans dormir. Il est indispensable pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement cognitif. Il est essentiel pour l’ajustement des sécrétions hormonales et le bon fonctionnement du système nerveux central et pour la regulation de nos dépenses énergétiques et de notre température corporelle. On passe un tiers de notre vie à dormir et à rêver. Qu’est-ce qui se passe quand on plonge dans le sommeil ? Pourquoi rêve t-on ? Quelle est la fonction des rêves ou des cauchemars ?
Les rêves, c’est quoi ?
Les rêves sont des productions mentales qui surviennent pendant le sommeil, comportant des interactions avec des personnages, des dialogues, des scénarios et des émotions dont la complexité peut varier. Lorsque l’on rêve, les zones du cerveau qui s’activent sont différentes de celles qui sont actives en état de veille. Tout le monde rêve sans exception même les personnes qui pensent n’avoir jamais rêvé de leur vie ou celles qui ne se souviennent pas de leurs rêves.
Qu’est-ce qu’un cauchemar ?
Un cauchemar est un rêve dont le contenu est désagréable et éprouvant. Il peut être associé à des émotions intenses qui génèrent des modifications physiologiques plus importantes que dans le rêve classique, avec une accélération du rythme cardiaque, de la respiration et des contractions musculaires, et peut réveiller le dormeur. Ce qui différencie le rêve du cauchemar c’est l’émotion ressentie au réveil. Les cauchemars ne sont pas toujours associés à un sentiment d’angoisse et peuvent être bien vécus par ceux qui en font régulièrement.
Les terreurs nocturnes sont des accès brefs de panique qui surviennent en sommeil profond, plus fréquentes pendant l’enfance.
Pourquoi fait-on des cauchemars ?
Pour la même raison que l’on fait des rêves. Ils mettent en scène des situations qui peuvent simuler des menaces afin de nous aider à nous y préparer. Et nous permettent ainsi, de mieux assimiler nos émotions. Les situations de vie anxiogènes peuvent favoriser la production de cauchemars. Les femmes y seraient plus sujettes, notamment sur des thématiques interpersonnelles. Les hommes eux, seraient plus sujets a des cauchemars liés à des situations exogènes, des catastrophes naturelles, par exemple.
À quoi servent les rêves ?
Les rêves contribuent à l’acquisition de certains souvenirs, et à consolider la mémoire procédurale. Il permettent ainsi de réguler les emotions et à intégrer les expériences émotionnelles vécues.
Pourquoi ne se souvient-on pas de nos rêves ?
80% des adultes se souviennent en moyenne de un à trois rêves par semaine. Cependant, certaines personnes sont incapables de se remémorer le moindre rêve sur des périodes parfois très longues.
Le fait de ne garder aucune mémoire d’avoir rêvé peut dans certains cas avoir des causes organiques ou être lié à un problème d’encodage des souvenirs au cours du sommeil : au réveil le rêve ne s’imprime pas dans la mémoire.
De quoi rêve-t-on ?
En moyenne, on fait cinq rêves par nuit. Les rêves sont des succession d’images, sensations qui surviennent dans certaines phases de sommeil. Ils se produisent lors de la phase de sommeil paradoxal mais peuvent aussi se produire dans d’autres phases. Leur durée peut varier de quelques secondes à plusieurs minutes. Ce sont généralement des condensés de notre activité diurne ou des jours précédents.
Les phases du sommeil et les rêves
Le sommeil est constitué de quatre phases successives, dont la durée varie au cours d’une nuit de sommeil et selon les individus : l’endormissement, le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. Elles existent chez tout le monde. Un cycle de sommeil dure environ 90 minutes et se répète généralement de 4 à 6 fois au cours de la nuit. La durée des cycles s’allonge pendant la nuit.
Lors de l’endormissement, nos yeux se ferment, notre respiration se calme, des images hypnagogiques peuvent surgir qui nous amènent vers le sommeil lent léger. À ce stade on se réveille facilement en cas de bruit, ou une lumière, par exemple. Le sommeil lent léger est la porte du sommeil.
Si on n’est pas réveillé, on plonge vers le sommeil lent profond, durant lequel on est profondément endormi, et on se réveille difficilement. Tout l’organisme est au repos, les muscles sont décontractés, le rythme cardiaque est ralenti, et la pression artérielle est basse. Puis on repasse en sommeil lent léger ou on peut se réveiller facilement. Si on reste endormi, on plonge en sommeil paradoxal.
Le sommeil paradoxal est la phase où nous rêvons le plus. Il occupe environ un quart du temps de sommeil total, et sa durée augmente, cycle après cycle. Le corps est totalement relâché, mais les mouvements oculaire sont rapides (REM, Rapid Eye Movement). Le rythme cardiaque ou la respiration peuvent s’accélérer selon le contenu du rêve. Cette phase dure jusqu’au réveil.
Le sommeil et le rêve se produisent chez tout le monde, y compris les animaux : des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology de Cambridge ont découvert une activité cérébrale similaire lors du sommeil paradoxal chez les animaux. Des chercheurs de l’université de Chicago ont même établi que les oiseaux apprenaient à chanter quand ils rêvaient.
Notre activité nocturne de rêveurs recèle plusieurs aspects à explorer.
Dans un prochain article, je m’attarderai plus en profondeur sur le contenu des rêves. Un sujet qui me tient particulièrement à coeur, en lien avec mon projet de livret d’artiste où je collecte et illustre les rêves et cauchemars des gens. N’hésitez pas à me contacter pour toute question.
Sources :
Tout le monde rêve même ceux qui disent ne jamais rêver (Le Monde)
La preuve que tout le monde rêve (Inserm)
À quoi servent les rêves ? (Institut National du Sommeil et de la Vigilance)
À quoi sert le sommeil ? (Centre d’Investigation et de Recherche sur le Sommeil)
Éthologie : Les animaux rêvent-ils aussi ? (Courrier International)